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you are using an outdated browser. please upgrade your browser to improve your experience. maurice lévy, physicien et universitaire témoignage pour son quatre-vingt-dixième anniversaire en septembre 2012 témoignage pour son quatre-vingt-dixième anniversaire en septembre 2012 -- sommaire les années de jeunesse la physique théorique à l’école normale supérieure (ens) les années 60 maurice lévy, scientifique, vu par ses élèves et collaborateurs l’aventure de cargèse retour des états-unis : du sepor à l’esro et au cnes, à partir des témoignages d’andré lebeau et de jean-marie luton la présidence du cnes : le lancement du programme ariane. les principes d’un musée des sciences et de l’industrie : le « rapport lévy » l’université des nations unies : l’énergie dans les pays en voie de développement la cité des sciences les années 1990 : un retraité au travail ! un poème de fin postface 1 - les années de jeunesse. maurice lévy est né le 7 septembre 1922 à tlemcen en algérie, dans une famille juive implantée depuis longtemps. en 1837, son arrière-grand-père, maklouf lévy, né en 1812, avait servi de traducteur dans les négociations entre le général bugeaud et l’émir abd-el-kader pour la reddition de tlemcen 1 . en récompense, il avait reçu, pour lui et pour sa famille, la nationalité française, 33 ans avant le décret crémieux qui accorda la nationalité française aux juifs d’algérie. josué lévy, père de maurice en 1934 1 simon schwarzfuchs, tlemcen, mille ans d’histoire d’une communauté juive , paris, la fraternelle, 1995 2 le second prénom de maurice est marc, en mémoire de son oncle. 3 l’alliance israélite universelle, fondation juive privée, créée en france, n’a rien à voir avec l’alliance française, organisme culturel de l’état français. pendant la première guerre mondiale, son père josué et son oncle marc participèrent en 1915 à l’expédition des dardanelles sous la conduite du général franchet d’espérey. marc fut tué 2 et josué fit partie des troupes qui, en 1918, occupèrent constantinople, devenue depuis istanbul. il y fit la connaissance de noémie fisse, une jeune fille issue d’une famille juive originaire d’espagne. la communauté juive de constantinople avait, grâce à la protection du sultan selim 1er, conservé sa cohésion et ses traditions espagnoles. on y parlait encore un pur castillan. noémie avait fait ses études à l’alliance israélite 3 et reçu une éducation entièrement française. josué et noémie se marièrent en 1919 et revinrent en algérie. après des séjours à tlemcen et è blida, où naquirent les deux sœurs de maurice, lydia en 1923 4 et denise en 1926 5 , ils s’installèrent à alger en 1927. noémie lévy, mère de maurice, en 1955 4 lydia a fait une très belle carrière. après des études de droit, elle est entrée à la banque de l’algérie, puis à la banque de france. en parallèle, elle a enseigné l’économie monétaire aux universités d’orléans et de paris-dauphine et dirigé un séminaire à l’ena. après sa retraite, en tant que directeur honoraire de la banque de france, elle suit les cours de l’école du louvre et entre, comme chargée de mission, au musée du louvre où elle fait notamment l’inventaire des dessins de charles le brun (lydia beauvais, charles le brun , paris, musée du louvre, 2000). le lycée bugeaud à alger 5 denise est décédée à alger en 1942. maurice entre en 1928 à l’école communale de la rampe vallée, proche de leur domicile, puis à partir de 1933, au lycée bugeaud. son père, josué, meurt accidentellement en 1936, ce qui plonge la famille dans de grandes difficultés. les études de maurice sont interrompues après la classe de seconde, pendant l’année 1938-1939, pour un séjour au sanatorium de saint-hilaire du touvet, près de grenoble. il revient au lycée bugeaud en 1939 et obtient, en juin 1941, les deux baccalauréats intitulés à l’époque « mathématiques elémentaires » et « philosophie ». le statut des juifs promulgué par le gouvernement de vichy entre en vigueur à la fin de 1940, mais il bénéficie d’abord d’une dérogation en tant que fils d’ancien combattant, ce qui lui permet de suivre une classe de mathématiques supérieures en 1941-1942. en 1942, le statut des juifs est encore durci et il doit quitter le lycée pour s’inscrire dans une classe de mathématiques spéciales privée, créée par des professeurs expulsés du lycée en vertu du même statut. le 8 novembre 1942, les troupes anglo-américaines débarquent au maroc et en algérie. ce débarquement est suivi d’intenses bombardements allemands qui durent plusieurs mois. tous les établissements d’enseignement sont fermés jusqu’en avril 1943. à cette date, l’université d’alger peut réouvrir ses portes et maurice s’inscrit pour une licence de maths-physique qu’il termine en juin 1944. pour continuer ses études, il hésite entre les mathématiques et la physique qui l’attirent également. sur les conseils de rené de possel, membre du groupe boubarki réfugié à alger, qui a été son professeur de mécanique analytique, il opte pour la physique et fait, avec les moyens limités disponibles alors, un diplôme d’études supérieures d’optique, dont une partie - consacrée à l’optique physiologique- met en évidence une modification de la loi de weber-fechner aux faibles intensités lumineuses. maurice lévy à leiden en 1948 sur la base de ce diplôme, il est admis au cnrs le 1er octobre 1945. quittant définitivement l’algérie, il entre au laboratoire de recherches physiques à la sorbonne (lrps) dirigé par le doyen de la faculté des sciences de paris, jean cabannes. maurice est très attiré par la physique théorique, mais il n’était pas possible, à cette époque de faire de la physique théorique moderne en france. il entreprend donc une thèse d’optique moléculaire comportant des recherches expérimentales, mais aussi une partie théorique, sous la direction de jean-paul mathieu, qui sera son ami jusqu’à sa mort. une partie de son travail inclut des recherches à très basse température, ce qui l’amène à passer une partie de l’année 1947-48 à l’université de leiden aux pays-bas. sa thèse est soutenue en janvier 1949 devant un jury présidé par jean cabannes, incluant jean-paul mathieu et louis de broglie. en prévision de son changement d’orientation, il a choisi de consacrer sa seconde thèse au problème, brûlant à l’époque, des interactions des mésons mu dans la matière. maurice lévy avec jean cabannes, lors de sa soutenance de thèse en 1949 en janvier 1949, immédiatement après la soutenance de sa thèse, maurice part pour l’université de manchester, en grande-bretagne, pour commencer enfin à faire de la physique théorique. à manchester, le département de physique est dirigé par p.m.s. blackett. maurice commence à travailler sous la direction de léon rosenfeld, élève de niels bohr, qui vient d’être nommé professeur à l’université de manchester. ses recherches, dès cette époque, concernent la théorie des forces nucléaires, sujet d’une grande actualité en 1949, car powell et occhialini venaient de découvrir le méson pi (pion), dont on pensait, selon l’idée de yukawa, qu’il était l’agent principal des forces nucléaires. son premier article de physique théorique – « wave equations in momentum space » - est présenté à la royal society par r.e. peierls, alors professeur à l’université de birmingham. en octobre 1950, maurice part aux états-unis, pour rejoindre l’institute for advanced study, dirigé par robert oppenheimer, qui devint un ami proche. maurice et françoise au laboratoire de jean-paul mathieu il travaille sur la théorie relativiste de l’interaction entre deux particules, pour l’appliquer au calcul des forces entre deux nucléons. il adapte l’équation de bethe et salpeter, pour en faire une méthode utilisable de calcul relativiste. son travail aboutit à ce qu’on a appelé le potentiel de lévy, qui rend compte correctement des observations sur la diffusion neutron-proton aux énergies basses et moyennes. pendant l’été de 1952, maurice passe deux mois à l’université stanford à palo alto en californie, qui deviendra, avec pr